Le Pic du Midi
Un ami me demande si je peux l’emmener lui et son père faire un vol pour voir les Pyrénées. Etant donné que je ne suis pas formé pour le vol en montagne, je lui propose de prendre la direction des Pyrénées mais à haute altitude, loin du relief, pour faire le tour du Pic du Midi par exemple. L’idée lui plait et je réserve donc un avion pour un samedi matin en espérant que la météo nous permette de monter suffisamment haut pour réaliser ce vol. Malheureusement, le DR400-140, n’est pas disponible. Je réserve donc le F-GSTY, un 120 chevaux, nous devrons être patients pour la montée.
Agrandir le plan
Le jour venu, nous nous donnons rendez-vous au terrain. Pas un nuage en vue, d’ailleurs la visibilité est tellement bonne que nous voyons déjà les Pyrénées depuis la route. Je fais le plein et la visite pré-vol puis nous nous installons à bord. Les appareils photos et caméras sont dégainés, les passagers attachés, j’effectue la check-list, mets en route et annonce à la radio :
« Muret auto-information de Fox Golf Sierra Tango Yanki, Bonjour… Tango Yanki, un DR400 au parking Clément ADER, je roule pour le point d’arrêt Alpha 30 pour un vol à destination du Pic du Midi »
Pendant ce temps, le DR400-140 est lui aussi prêt à partir et annonce :
« Muret de Quebec X-ray, je roule pour le point d’arrêt 30 à destination du Pic du Midi également. »
Nous comprenons maintenant pourquoi le QX n’était pas libre, nous ne sommes pas les seuls à vouloir faire le tour du Pic. Essais des freins puis je roule donc jusqu’au point d’arrêt en vérifiant le fonctionnement des giros et du compas dans les virages. Les essais moteur, les actions avant décollage et le briefing effectués, j’annonce :
« Tango Yanki, prêt au départ, je m’aligne et décolle piste 30 »
Nous décollons et prenons un cap direction l’Isle en Dodon. A peine avons-nous quitté la piste que le QX annonce qu’il décolle également. Je quitte la fréquence et passe avec Toulouse Info.
« Toulouse de Fox Golf Sierra Tango Yanki, Bonjour. » « Tango Yanki de Toulouse, je vous écoute » « Tango Yanki, un DR400 en provenance de Muret et à destination du Pic du Midi, en sortie par Rieums pour monter au FL105 » « Tango Yanki, affichez XXXX au transpondeur et poursuivez votre montée au FL105 »
Le QX ne tarde pas à arriver également sur la fréquence.
Nous avons maintenant atteint 3500 pieds, je modifie le calage de l’altimètre en affichant 1013 HPa pour que celui-ci m’indique le niveau de vol à la place de l’altitude. Etant donné que nous avions un QNH de 1020 HPa et que le but est de passer au dessus du Pic du Midi, je garde en mémoire que les 7 HPa entre les conditions du jour et la référence 1013 HPA utilisée pour les niveaux de vol fait que je suis en réalité 7*27 ≈ 200 pieds plus bas que le niveau de vol. Au FL105, cela ferra donc une altitude de 10 300 pieds ce qui est suffisant pour faire le tour du Pic mais un peu bas pour le survoler. Arrivés au FL50, le vario commence déjà à indiquer une valeur de montée assez faible, il est temps d’effectuer une première correction de la vitesse indiquée pour prendre en compte les effets de l’altitude. A 5000 pieds, il faut ajouter 5 * 2% = 10% à la vitesse indiquée. Pour maintenir une vitesse de 145 Km/h, il faut donc afficher environ 130 Km/h. A cette vitesse, nous reprenons un taux de montée plus important.
Nous passons l’Isle en Dodon et rejoignons le radial du VOR de Toulouse qui passe par le Pic du Midi. J’effectue donc un virage à droite pour m’aligner sur ce radial. Nous sommes maintenant capables d’identifier le Pic du Midi. Puisque nous sommes sur le radial qui le coupe, c’est donc bien le Pic que nous avons face à nous !
« Tango Yanki, vous pouvez quitter la fréquence et passer avec Pyrénées 126.525 » « Je passe avec Pyrénées 126.525 Tango Yanki, Au revoir ». Je change de fréquence, attend quelques secondes et les contacte. « Pyrénées de Fox Golf Sierra Tango Yanki bonjour » « Tango Yanki bonjour, vous pouvez poursuivre votre montée au FL105, rappelez stable » « Je poursuis ma montée au FL105, je rappelle stable Tango Yanki».
La contrôleuse de Toulouse a donc fait passer mes paramètres de vol et mes intentions à son collègue, c’est bien pratique. Le QX arrive également sur la fréquence, cependant celui-ci semble être devant nous et leur excédent de puissance leur a permis d’arriver au FL105 avant nous. Nous atteignons 8000 pieds, je maintiens donc 125 km/h. Le vario n’indique plus que 150 pieds/minutes, c’est à se demander si nous finirons par y arriver ! Je vérifie régulièrement la température du moteur mais celui-ci ne chauffe pas. Au bout d’un moment nous arrivons tout de même au FL105. « Pyrénées de Tango Yanki, Stable au FL105 » , « Tango Yanki, rappelez en quittant la zone du Pic, je vous signale un autre appareil en provenance de Muret qui est actuellement en évolution autour du Pic », « Information trafic reçue, je rappelle pour le retour, Tango Yanki ».
Je réduis le moteur à 2450 tours/minutes et règle la richesse. Nous commençons à nous engager derrière le Pic en passant par l’Est. Les photographes mitraillent tant qu’ils peuvent. Nous passons maintenant sur la face sud du Pic. C’est magnifique, les montagnes sont partiellement enneigées, on aperçoit des petits lacs un peu partout.
Je surveille attentivement l’altitude et le relief aux alentours et je m’aperçois que je suis obligé de garder l’avion assez cabré pour tenir l’altitude. Nous terminons le tour et sitôt que nous passons la crête nous amenant au dessus de la face nord, je prends 200 pieds/min au vario et suis obligé de pousser sur le manche pour ne pas monter. Je compense alors l’avion pour tenir mon FL105. L’effet dynamique du vent est bien clair : une dégueulante derrière le Pic et une pompe sur la face nord. Il est temps de songer au retour. Je prends donc un cap à l’Est et contacte Pyrénées. « Pyrénées de Tango Yanki, nous prenons un cap pour rejoindre Saint Girons, en descente vers 5000 pieds Québec Novembre Hôtel » « Tango Yanki, bien reçu, pas de trafic connu à vous signaler, Québec Novembre Hôtel 1020 ».
Nous entamons notre descente vers 5000 pieds : plein riche, assiette de descente, réchauffe carbu et je réduis pour obtenir une vitesse de 120kt. Le spectacle est là aussi très beau, nous longeons la chaîne en survolant les premières collines des Pyrénées. Au bout d’un moment, nous quittons la fréquence et passons avec Toulouse Info. Verticale de Saint-Girons, cap sur Muret et descente vers 2500 pieds. Ca y est, plus de montagne, nous sommes rentrés. Atterrissage sans encombre, je me fais aider des passagers pour refaire le plein et ranger l’avion puis nous attaquons le visionnage des nombreuses photos.
Mes passagers sembles ravis. Je les remercie de m’avoir fait confiance mais cela leur semblais naturel.